Document <?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?> <?xml-model href="http://www.tei-c.org/release/xml/tei/custom/schema/relaxng/tei_all.rng" type="application/xml" schematypens="http://relaxng.org/ns/structure/1.0"?> <?xml-model href="http://www.tei-c.org/release/xml/tei/custom/schema/relaxng/tei_all.rng" type="application/xml" schematypens="http://purl.oclc.org/dsdl/schematron"?> <?xml-stylesheet type="text/css" href="https://raw.githubusercontent.com/BucknellDSC/suzette/master/CSS/suzette_reading.css"?><TEI xmlns="http://www.tei-c.org/ns/1.0" xmlns:rdf="http://www.w3.org/1999/02/22-rdf-syntax-ns#"> <teiHeader> <fileDesc> <titleStmt> <title type="main">Suzette: a Digital Edition</title> <respStmt> <persName>John Westbrook</persName> <orgName>Bucknell University</orgName> <resp>Editor</resp> </respStmt> <respStmt> <persName>Diane Jakacki</persName> <orgName>Bucknell University</orgName> <resp>Project Manager</resp> </respStmt> <respStmt> <persName>Annie Girton</persName> <orgName>Bucknell University</orgName> <resp>Research Assistant and Encoder, 2018-2020</resp> </respStmt> <respStmt> <persName>Sarah Haber</persName> <orgName>Bucknell University</orgName> <resp>Research Assistant and Encoder, 2020-2022</resp> </respStmt> <respStmt> <persName>Rebecca Heintzelman</persName> <orgName>Bucknell University</orgName> <resp>Research Assistant and Encoder, 2020-Present</resp> </respStmt> <respStmt> <persName>Juliya Harnood</persName> <orgName>Bucknell University</orgName> <resp>Research Assistant and Encoder, 2021-Present</resp> </respStmt> <respStmt> <persName>Jaehoon Pyon</persName> <orgName>Bucknell University</orgName> <resp>Research Assistant and Encoder, 2023-Present</resp> </respStmt> </titleStmt> <publicationStmt> <distributor>Bucknell University</distributor> <pubPlace> <address> <addrLine>One Dent Drive</addrLine> <addrLine>Lewisburg, PA 17837</addrLine> </address> </pubPlace> <availability> <licence>Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International</licence> </availability> </publicationStmt> <sourceDesc> <biblStruct> <monogr> <title>Suzette: Livre de Lecture Courante à l’Usage des Jeunes Filles. Morale—Leçon de choses, Economie Domestique – Ménage – Cuisine – Couture</title> <author>Robert Halt</author> <textLang>French</textLang> <imprint> <date>1889</date> <distributor>Libraire Classique Paul Delaplane</distributor> <pubPlace>Paris, France</pubPlace> </imprint> </monogr> </biblStruct> </sourceDesc> </fileDesc> <profileDesc> <langUsage> <language ident="fr">French</language> <language ident="en">English</language> </langUsage> </profileDesc> </teiHeader> <text> <body> <div xmlns:ns0="http://www.tei-c.org/ns/1.0" type="chapitre" xml:lang="fr" n="ch074"> <pb type="page" n="255" facs="https://raw.githubusercontent.com/BucknellDSC/suzette/master/images/page_images/Suzette_255.jpg" /> <fw>RÉCONCILIATION. 255</fw> <div type="récit"> <head>74. — Réconciliation. (Élève, p. 156.)</head> <p>Si le père tue le veau gras pour célébrer le retour du fils vagabond*<note type="annotation"> Vagabond. Qui erre par les chemins sans but déterminé.</note> qu'il croyait perdu et qui est retrouvé, que fera la mère ? M. <persName type="fictif" key="pascal">Pascal</persName> le savait certainement, car à l'arrivée d'une mère attendue, il courut impétueusement à elle et se jeta dans ses bras ouverts. Elle l'y retint en pleurant :</p> <p>— Malheureux enfant ! malheureux enfant ! que de larmes tu as fait couler ! Ah ! j'en serais morte !</p> <p>Puis elle embrassa son frère qui lui rendait ce fils adoré. C'est surtout dans l'attendrissement de la réconciliation que les proches sentent la folie de leurs querelles et de leurs divisions. La nièce et les neveux embrassèrent ensuite leur tante.</p> <p>C'était une femme assez grande, de taille un peu penchée ; les bandeaux de ses cheveux noirs commençaient à s'argenter de fils blancs ; mais ses yeux noirs avaient encore de l'éclat, et sa tenue élégamment simple, son aisance*<note type="annotaiton">Aisance. Liberté de corps et d'esprit dans le travail, les manières.</note> aimable disaient qu'elle venait de <placeName>Paris</placeName>.</p> <p>Ses mains surtout furent admirées de sa nièce, pour la gracieuse souplesse, l'adresse des doigts qui rendent si expressives les mains de l'habile travailleuse ! Aux compliments que lui en fit, le soir même, <persName type="fictif" key="suzette">Suzette</persName>, elle sourit.</p> <p>— Eh ! oui, elles ont dû s'exercer, ne pas flâner ; ce sont elles qui, surtout depuis mon veuvage, ont élevé mes trois enfants.</p> <p>Et regardant celles de <persName type="fictif" key="suzette">Suzette</persName>.</p> <p>— Mais les tiennes non plus ne paraissent pas trop gauches !</p> <p>— Les miennes ne savent pas tailler, faire une robe.</p> <p>— Ce n'est pas leur faute ; il faudra le leur apprendre. Elles n'ont qu'à venir un peu à <placeName>Paris</placeName> en compagnie des miennes.</p> <p>Et comme à ce moment <persName type="fictif" key="m_dumay">M. Dumay</persName> s'approchait, la tante <persName type="fictif" key="mme_richard">Jeanne</persName> se tourna vers lui : </p> <p>— Savez-vous, <persName type="fictif" key="m_dumay">Denis</persName>, que nous allons avoir à <placeName>Paris</placeName> une Exposition universelle*<note type="annotation">Exposition universelle. Exposition dans laquelle figurent les produits de l'industrie et des arts de tous les pays.</note> ? ....</p> <p>— Oui, on en parle.</p> <pb type="page" n="256" facs="https://raw.githubusercontent.com/BucknellDSC/suzette/master/images/page_images/Suzette_256.jpg" /> <fw>256 SUZETTE.</fw> <p>— Et qu'il serait bon de nous y envoyer une jeune fille de notre connaissance, et qui semble avoir des yeux, pour qu'elle y voie cette Exposition, <placeName>Paris</placeName> et, par la même occasion, l'atelier de couture d'une tante qui pourrait lui apprendre quelque chose ?</p> <p><persName type="fictif" key="m_dumay">M. Dumay</persName> se gratta l'oreille : </p> <p>— Ma foi, dit-il, je ne dis pas non ; attendons le beau temps.</p> <p>On passa le reste de la soirée à deviser*<note type="annotation">Deviser. S'entretenir familièrement.</note> du passé, de la vieille maison paternelle incendiée, que la tante <persName type="fictif" key="mme_richard">Jeanne</persName> regrettait, puis de <persName type="fictif" key="marthe">Marthe</persName>, de <persName type="fictif" key="louis">Louis</persName>, le frère aîné, ancien élève de l'<placeName>école Turgot</placeName>*<note type="annotation"><placeName>École Turgot</placeName>. Grande école de <placeName>Paris</placeName> dont le nom rappelle celui d'un ministre célébre de <persName type="historique">Louis XVI</persName>.</note> et bon mécanicien*<note type="annotation">Mécanicien. Celui qui lavente, construit ou dirige des machines.</note> : puis de la mémoire, de l'imagination, de la langue trop bien pendue de monsieur l'explorateur, qui baissait la tête sous les sourires un peu railleurs. <persName type="fictif" key="sylvain">Sylvain</persName> n'était pas là : <persName type="fictif" key="m_cartier">M. Cartier</persName>, sur la recommandation de <persName type="fictif" key="m_dumay">M. Dumay</persName>, l'avait aussitôt accepté dans sa ferme.</p> </div> <div type="questionnaire"> <head>Questionnaire.</head> <list> <item>— Que fit le père de l'enfant prodigue quand il retrouva ce dernier ? </item> <item>— Racontez la scène, touchante qui se passa à l'arrivée de <persName type="fictif" key="mme_richard">Mme Richard</persName>.</item> <item>— Comment se réconcilia-t-elle avec son frère ? </item> <item>— Faites le portrait de <persName type="fictif" key="mme_richard">Mme Richard</persName>.</item> <item>— Que remarqua <persName type="fictif" key="suzette">Suzette</persName> ?</item> <item>— Quelle proposition fit <persName type="fictif" key="mme_richard">Mme Richard</persName> concernant sa nièce ?</item> <item>— Comment <persName type="fictif" key="m_dumay">M. Dumay</persName> l'accucillit-il ? </item> <item>— Quels détails donna <persName type="fictif" key="mme_richard">Mme Richard</persName> sur sa famille ? </item> <item>— Qu'était devenu <persName type="fictif" key="sylvain">Sylvain</persName> ?</item> </list> </div> <div type="questionnaire"> <head>DÉVELOPPEMENT DES SUJETS PROPOSÉS POUR EXERCICES.</head> <div type="morale"> <head type="sujets">Morale.</head> <div type="questions"> <list> <item>— Racontez la touchante parabole qui a donné lieu à la locution : Tuer le veau gras.</item> </list> </div> <div type="réponses"> <p>Un homme avait deux fils dont le plus jeune dit à son père : Mon père, donnez-moi la part du bien qui doit me revenir, et le père leur fit le partage de son bien. Peu de jours après, le plus jeune de ces deux enfants ayant réuni tout ce qu'il avait, s'en alla dans un pays fort éloigné, où il dissipa tout son bien en débauches.</p> <p>Après qu'il eut tout dépensé, il arriva une grande famine en ce pays-là, et il commença à tomber dans l'indigence. Alors il s'en alla et se mit au service d'un habitant du pays qui l'envoya à sa maison des champs pour y garder les pourceaux. Et là, il eût souhaité se nourrir des glands que les pourceaux mangeaient ; mais personne ne lui en donnait.</p> <p>Enfin, étant rentré en lui-même, il dit : Combien y a-t-il de serviteurs dans la maison de mon père qui ont du pain en abondance, et moi, je meurs ici de faim ! Il faut que de ce pas je m'en aille trouver mon père et que je lui dise : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre vous, et je ne suis plus digne d'être appelé votre fils : traitez-moi comme l'un des serviteurs qui sont à vos gages.</p> <p>Il partit donc et s'en vint trouver son père. Lorsqu'il était encore bien loin, son père l'aperçut et en fut touché de compassion ; courant à lui, il se jeta à son cou et le baisa. Et son fils lui dit : Mon père, j'ai <pb type="page" n="257" facs="https://raw.githubusercontent.com/BucknellDSC/suzette/master/images/page_images/Suzette_257.jpg" /> <fw>RÉCONCILIATION. 257</fw> péché contre le ciel et contre vous, et je ne suis plus digne d'être appelé votre fils. Alors le père dit a ses serviteurs : Apportez promptement la plus belle robe, et l'en revêtez ; et mettez-lui un anneau au doigt et des souliers aux pieds. Amenez un veau gras et tuez-le : faisons honne chère et réjouissons-nous, parce que mon fils que voici était mort, et il est ressuscité ; il était perdu et il est retrouvé. (Évangile selon <persName type="historique">saint Luc</persName>.)</p> </div> </div> <div type="composition"> <head type="sujets">Composition.</head> <div type="questions"> <list> <item>— Montrez en quoi vous pensez que les expositions présentent de l'utilité. </item> <item>— Donnez des exemples</item> </list> </div> <div type="réponses"> <p>(locaux d'abord).</p> </div> <div type="questions"> <list> <item>SOMMAIRE.</item> <item>— Ce qu'est une exposition :</item> </list> </div> <div type="réponses"> <p>(Entreprise dans laquelle on fait appel aux producteurs et aux industriels pour qu'ils apportent et mettent en vue, dans un vaste local, tous les produits du sol, de l'industrie et des arts. Une exposition est universelle quand on y reçoit les produits de tous les pays du monde.) On ne connaît bien les choses qu'en étudiant leur forme, leur organisme, leurs propriétés ; on n'améliore ses procédés qu'en les comparant à ceux des autres et en faisant son profit des changements qu'on remarque. — Où pourra -t-on faire ces etudes, ces remarques ? — Parler des expositions agricoles, horticoles, scolaires, des comices agricoles, puis arrivez aux expositions de plus grande importance.</p> </div> </div> <div type="histoire"> <head type="sujets">Histoire.</head> <div type="questions"> <list> <item>— <persName type="historique">TURGOT</persName>. </item> <item>— Dire quelques mots de la misère des paysans au dix-huitième siècle. </item> <item>— Causes de cette misère.</item> <item>— Que fit <persName type="historique">Turgot</persName> pour la soulager : 1° quand il était intendant du <placeName>Limousin</placeName> ; — 2° quand il fut ministre ?</item> </list> </div> <div type="réponses"> <p>En 1725, le célèbre <persName type="historique">Saint-Simon</persName> écrit au <persName type="historique">cardinal Fleury</persName> a que les pauvres gens de <placeName>Normandie</placeName> mangent de l'herbe, et que le royaume se tourne en un vaste hôpital de mourants et de désespérés. On vit alors se former une association de financiers qui achetaient tous les blés ; en formaient des magasins immenses, pour vendre cette denrée à un prix exorbitant lorsqu'ils avaient ainsi produit la disette. <persName type="historique">Louis XV</persName> fit une avance de dix millions à cette entreprise abominable, et il se « vantait à tout le monde du lucre infâme qu'il faisait sur ses sujets. » (<persName type="historique">LACRETELLE</persName>, Hist. de France.)</p> <p>Alors la famine ne quitta plus les campagnes ; elle redoubla en 1740, 1741, 1742, 1715, 1767, 1768, 1775, 1776, 1784 et, enfin, en 1789.</p> <p>Le <persName type="historique">comte d'Argenson</persName> écrivait en 1740 : « Au moment que j'écris, en pleine paix, avec les apparences d'une récolte abondante, les hommes meurent autour de nous comme des mouches, de pauvreté et broutant l'herbe... Le <persName type="historique">duc d'Orléans</persName> porta dernièrement au conseil du roi un morceau de pain de fougère, il le posa sur la table en disant : Sire, voilà de quoi vos sujets se nourrissent. C'est aujourd'hui, ajouta-t-il, à faire pitié même aux bourreaux. »</p> <p><persName type="historique">Duval</persName>, en 1752, rentre en <placeName>Allemagne</placeName> après un voyage en <placeName>France</placeName>, et il écrit : « Ce qui me frappa le plus dans ce long trajet, ce fut qu'au lieu de ces momies vivantes en haillons de toile et en sabots qui peuplent les huttes et les chaumières de ma chère <placeName>France</placeName>, je ne vis en <placeName>Allemagne</placeName> que des cultivateurs forts et robustes et des artisans bien vêtus, bien nourris et logés comme des hommes doivent l'être. »</p> <p>En 1752, le parlement de <placeName>Normandie</placeName> constate « que les paysans, pour ne pas mourir trop vite de faim, en étaient réduits à se former des nourritures qui font horreur à l'humanité. »</p> <p>La noblesse, le clergé ainsi que la plus grande partie de la riche bourgeoisie, ne payant point d'impôts, le peuple était écrasé sous des charges si lourdes qu'elles égalaient 85 p. 100 du produit de l'industrie et de l'agriculture. Alors, les paysans découragés cultivaient mal leurs <pb type="page" n="258" facs="https://raw.githubusercontent.com/BucknellDSC/suzette/master/images/page_images/Suzette_258.jpg" /> <fw>258 SUZETTE.</fw> terres, arrachaient leurs arbres et leurs vignes et n'élevaient presque plus de bétail : tous les historiens contemporains en témoignent.</p> <p><persName type="historique">Turgot</persName> (1727-1781), après des études sur les réformes à accomplir dans l'intérèt de la nation tout entière, fut nommé intendant du <placeName>Limousin</placeName> ; il y établit la libre circulation des grains, adoucit le système des impôts, répara les routes, organisa des bureaux et ateliers de charité et acquit ainsi une véritable popularité.</p> <p>Appelé au ministère en 1774 par le roi <persName type="historique">Louis XVI</persName>, il entreprit dans l'Etat les réformes qu'il avait essayées à <placeName>Limoges</placeName> ; il voulait, entre autres, le remplacement de tous les impôts par l'impôt foncier et la destruction des droits féodaux. Ses réformes, ses projets lui suscitèrent des ennemis ; tous les privilégiés se liguèrent contre lui et <persName type="historique">Louis XVI</persName> s'en sépara avec douleur en 1776. « Il n'y a que M. <persName type="historique">Turgot</persName> et moi, disait-il, qui aimons le peuple. »</p> </div> </div> <div type="industrie"> <head type="sujets">Industrie.</head> <div type="questions"> <list> <item>— LES EXPOSITIONS.</item> <item>— Qu'est-ce qu'exposer une chose ?</item> <item>— Qu'entend-on par exposition ? </item> <item>— Parlez des petites expositions que vous avez déjà vues.</item> <item>— De quoi se composent les bâtiments d'une exposition départementale, nationale ou universelle ? </item> <item>— Qu'y place-t-on ?</item> </list> </div> <div type="réponses"> <p>Exposer une chose, c'est la placer sous les yeux du public pour que chacun ait la facilité de l'examiner.</p> <p>Les <term>expositions</term> sont des entreprises... (Voir page précédente, au Sommaire du sujet de composition.)</p> <p>Il y a des expositions <term>locales</term> et <term>cantonales</term> qui comprennent le plus souvent les produits des champs, des vergers, des jardins ainsi que des parterres de fleurs ; on y joint les instruments agricoles, du bétail, des chevaux. — Les expositions <term>départementales</term> comprennent les mêmes objets, augmentés de produits industriels et, plus d'une fois, des travaux des écoliers dans leurs classes. — L'exposition est <term>nationale</term> quand il a été fait appel à tous les producteurs et artistes d'une contrée ; elle est <term>universelle</term> lorsque tous les peuples sont conviés à y prendre part.</p> </div> </div> </div> </div> </body> </text> </TEI> Document Download Object Type XML document